Pourquoi aller au nord d’Hokkaido?
Après avoir passé 5 jours à découvrir Sapporo et ses environs (lire l’article complet ici), je prends place derrière le volant d’une coquette petite voiture carrée et nous partons à l’aventure direction Wakkanai, au nord de l’île d’Hokkaido. Cette région encore peu touristique recèle des merveilles naturelles et culturelles souvent ignorées des circuits classiques. On y découvre une atmosphère unique, faite de silence, de vents froids venus de Russie, de sources chaudes sulfureuses et de forêts à la densité presque mystique. Bienvenue dans le vrai nord du Japon.
Je vous partage donc 10 choses à ne pas manquer au nord d’Hokkaido.
1. Moerenuma Park : une escale futuriste en sortant de Sapporo

Premier arrêt sur la route : un étrange parc peuplé de pyramides. Des collines en forme de pyramide, des sculptures et des bâtiments épousant cette forme. Cet immense parc est sillonné de petites routes qui font le tour et qui passent à travers. Les chemins intérieurs débouchent sur des stations de jeux pour enfants, toutes plus hétéroclites les unes que les autres. Nous avons loué un vélo à l’entrée du parc pour pouvoir tout voir en moins de temps.
➡️ À savoir : le Moerenuma Park a été conçu par l’artiste et architecte paysagiste Isamu Noguchi. Ce projet monumental a été complété en 2005, un an après sa mort. L’idée? Créer un espace où chaque élément est une œuvre d’art. Le parc est érigé sur un ancien site d’enfouissement transformé en havre vert, un geste fort pour la régénération environnementale de Sapporo.
2. Aller au bout du monde du Japon, à Wakkanai

La route longe la côte et nous offre une pléthore de paysages absolument magiques. Nous arrivons à Wakkanai pile pour le coucher du soleil. On se perd un peu, tombe par hasard sur un bord de quai avec personne et on y vit un moment. Les couleurs pastel d’un coucher de soleil nordique offrent un apaisement instantané et une bonne dose de gratitude d’être là, à cet instant précis.

3. Cap Noshappu : un coucher de soleil inoubliable au bout du Japon
Puis nous rejoignons le Cap Noshappu. Cette fois, nous sommes loin d’être seuls pour les dernières lueurs d’un soleil tirant sa révérence avec grâce. Situé à l’extrémité nord-ouest de l’île, ce promontoire rocheux offre un panorama imprenable sur la mer du Japon, avec, par temps clair, une vue sur les îles Rishiri et Rebun.
Ce qui surprend d’abord, c’est la présence d’une sculpture intrigante de dauphin trônant fièrement face à l’horizon. Cette œuvre stylisée, presque futuriste, rend hommage à la faune marine locale, notamment aux dauphins qui fréquentent les eaux au large de Wakkanai. Elle symbolise également l’harmonie entre l’homme, la mer et la nature nordique si caractéristique d’Hokkaido. C’est devenu un symbole emblématique du cap Noshappu,
À mesure que le ciel se teinte d’or, d’orange et de rose, le phare de Noshappu et la silhouette du dauphin forment un tableau presque surréel. Ce moment suspendu, entre lumière et silence, restera gravé dans notre mémoire comme l’un des plus beaux instants du voyage.
➡️ Contexte historique : Wakkanai est la ville la plus au nord du Japon, un port stratégique à proximité de la Russie. Son nom vient de la langue aïnoue « Yam Wakka Nai », qui signifie « rivière d’eau froide ». La présence du russe sur les panneaux n’est pas anodine : depuis la guerre russo-japonaise (1904-1905), les tensions autour des îles Kouriles restent d’actualité, et l’ombre de Sakhaline (île russe visible par beau temps) est palpable.
4. Cap Sōya : Le vrai point le plus au nord

Le lendemain, nous reprenons la route vers le vrai bout du Japon, le Cap Sōya, toujours à Wakkanai. Gare aux daims qui se promènent librement partout! Le Cap Sōya est le point le plus au nord et par le fait même, est géographiquement juste en face de la Russie.
J’ai une certaine fascination pour les bouts du monde, partout sur la planète. Il y a comme un petit quelque chose de mystique je trouve. Bref, j’ai été au bout du Japon, du nord au sud (voir mon article sur Okinawa). Et tant qu’à parler du bout du monde, j’ai aussi visité le bout des Amériques ici.
➡️ Fait intéressant : un monument triangulaire marque symboliquement ce point géographique. À proximité se trouve aussi une stèle commémorative dédiée aux victimes du vol 007 de Korean Air, abattu par un chasseur soviétique en 1983. Une façon bien réelle de se souvenir que ce lieu paisible a aussi connu des drames liés aux tensions Est-Ouest.
Visiter le parc National d’Akan dans la ville de Teshikaga

C’est ici que nous déposons nos sacs pour 2 nuits le temps d’aller explorer quelques randonnées du parc national d’Akan. Nous avons opté pour des randos courtes et faciles afin de voir le plus de paysages différents possible. Je ne regrette aucunement cette décision! La carte offerte de la région par notre hébergement aura été très utile dans la planification de nos randonnées, que je vous présente à l’instant!
5. Kussharo : une vue à couper le souffle

Premier arrêt de notre journée, pas du tout une rando, mais une sympathique petite marche hyper facile pour admirer une vue imprenable de ce qui est en fait le plus grand lac de caldeira du Japon : le lac Kussharo.
➡️ À noter : en hiver, ses rives accueillent des cygnes migrateurs. Kussharo signifie aussi « endroit de l’eau chaude » en langue aïnoue — car la géothermie est omniprésente ici.
6. Wakoto nature trail : volcans et soufre

Deuxième arrêt de notre circuit, une boucle de 2,5 km longeant la péninsule de Wakoto. Un très modeste temple et une superbe vue sur des eaux turquoise agrémentent la balade. Et si vous sentez une odeur de soufre, c’est normal, car il y a une source chaude qui bouillonne au pied du point de vue du lac Kussharo.
➡️ Détail intéressant : cette péninsule est un vestige volcanique encore actif. L’eau atteint parfois 80°C dans certaines crevasses. On y trouve aussi des plantes endémiques tolérantes aux sols acides et soufrés.
7. Sakhalin spruce forest : une balade géothermique inattendue
Initialement, nous devions une longue randonnée ici… C’était le plan. Alors on se balade, tout en parlant constamment pour faire fuir les ours. Les arbres de cette forêt sont immenses! Et le sentier ultra bien aménagé. Puis, de fil en aiguille, sans trop porter attention aux différentes pancartes, on se retrouve dans un champ de thé du Labrador à perte de vue. Et ça pue le soufre. Sous une chaleur écrasante, maintenant loin de la protection des arbres, on se dit qu’on n’est peut-être pas à la bonne place. Puis on remarque la fumée dans le creux d’une montagne. Intrigués, nous rebroussons chemin et nous dirigeons vers la source de fumée.
➡️ À savoir : la forêt est composée majoritairement de sapins de Sakhaline, une espèce résistante au froid extrême. Cette zone est aussi connue pour abriter des ours bruns d’Hokkaido (d’où nos bavardages constants!).
8. Mt. Iō (Iōzan) : les entrailles fumantes d’Hokkaido

Ce fut littéralement la stupéfaction de découvrir que la fumée aperçue était générée par des dizaines de sources d’eau chaude en ébullition et que ces sources avaient une couleur jaune serin. Incroyable!
Le stationnement est payant, mais ça en vaut franchement le coût. Et si vous avez un petit creux, laissez-vous tenter par la glace au melon. Décadent! D’ailleurs le melon se vend un prix de fou (ce qu’on appelle un cantaloup au Québec, se vend ici autour de 20 $ CAD le melon… mais bon, après il y a peut-être des variétés qui se démarquent… Tous les détails dans l’article sur les spécialités culinaires à découvrir à Hokkaido)
➡️ Infos supplémentaires : Iōzan signifie littéralement « montagne soufrée ». Elle fait partie du système volcanique Akan. La coloration jaune est due au soufre cristallisé. On y ressent physiquement l’activité géologique du Japon.
9. Mokoto-yama : quand le temps presse
Ensuite, nous sommes arrivés un peu short à ce 5e spot de rando. Le soleil commençait déjà à s’assoupir, mais j’avais la motivation d’y arriver. Le dénivelé étant plus dénivelé que je pensais, la cadence de nos pas n’allait pas le faire au final. Nous avons rebroussé chemin à mi-parcours.
➡️ Détail utile : Mokoto-yama est une montagne modeste en altitude (1000 m env.), mais le sentier est raide dès le départ. Idéal pour une ascension au lever du soleil… ou avec plus de temps!

10. Lac Mashū : la cerise sur le volcan
Et puis, le mot de la fin le plus juste et le plus époustouflant qui soit! Juste à temps pour un coucher de soleil étouffé par de gros nuages gris, les montagnes entourant le lac Mashu aura célébré la clôture de cette journée avec prestance. La pluie a même attendu que nous soyons assis dans la voiture avant de tomber. Une journée parfaite.
➡️ Le savais-tu? Le lac Mashū est souvent caché par le brouillard. On l’appelle même le lac des esprits dans la culture aïnoue. Il fait partie d’un cratère fermé, sans rivière ni affluents. Sa limpidité est l’une des plus élevées au monde.
Un Japon brut, loin des clichés
Ce road trip dans le nord d’Hokkaido m’a permis de découvrir un Japon sauvage, brut et profondément apaisant, bien loin des temples bondés et des mégapoles vibrantes. Ici, le silence des forêts, les vapeurs des volcans et la mer qui flirte avec la Russie m’ont rappelé que l’aventure se cache souvent là où peu de voyageurs osent s’aventurer. Si tu rêves d’un Japon différent, ancré dans la nature et les contrastes, mets Wakkanai et Teshikaga sur ta carte… tu ne le regretteras pas.
Tu as visité le Japon ou tu en rêves ?
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