Mon Japon sans graffiti : où est passé le street art?
Je suis une grande amatrice d’art visuel. Quand je voyage, je traque les murs colorés, les messages engagés, les œuvres brutes ou poétiques peintes à même les rues. J’ai découvert le street art à Penang, été soufflée par les fresques sociales de Rio de Janeiro et été émerveillée par les ruelles vibrantes de Buenos Aires, pour ne nommer que ceux-là. Alors, quand je suis arrivée au Japon… j’ai cherché, et rien. Ou presque.
En septembre 2024, j’ai exploré l’île d’Hokkaido avec mon fils durant huit jours, puis j’ai accompagné un groupe organisé pour l’agence de voyage Les Voyageuses du Québec dans d’autres régions japonaises (Honshu). Et comme lors de mon premier séjour d’un mois en 2018 (Honshu & Okinawa), la même constatation s’est imposée : le Japon est presque vierge de street art.
Mais pourquoi?
Une société où l’espace public est sacré
Contrairement à bien des pays où l’art urbain est valorisé comme expression populaire, au Japon, peindre un mur est vu comme un acte de désordre. L’harmonie (wa) et la retenue (gaman) sont des valeurs fondamentales. L’espace public doit rester propre, calme, et respectueux de tous.
👉 Même les petites affiches temporaires ou autocollants sont vite enlevés. La moindre trace est perçue comme une transgression de la norme collective.
Des lois strictes et dissuasives
Au Japon, toute forme de graffiti est considérée comme du vandalisme, sans exception artistique. Peindre un mur sans autorisation peut entraîner :
- de lourdes amendes,
- une arrestation,
- et même de la prison.
Cette zéro tolérance a freiné l’émergence de scènes alternatives comme celles qu’on retrouve ailleurs dans le monde. Les artistes urbains japonais s’expriment donc différemment… ou ailleurs.
Propreté obsessionnelle = mur sans trace
Tu l’as sûrement remarqué si tu as visité le Japon : les rues sont impeccablement propres, les murs sont lavés, les lignes bien tracées. Même dans les grandes villes comme Tokyo ou Osaka, on peine à trouver un graffiti. Le Japon valorise l’esthétique de l’ordre, ce qui fait du street art un acte de rupture rarement toléré.

Une scène artistique… mais dans l’ombre
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun art urbain au Japon. Mais il se manifeste de manière différente :
- Par des installations temporaires ou conceptuelles dans des galeries alternatives.
- Ou comme le parc Moerenuma (j’en parle en détails ici)
- Par de l’art miniature intégré discrètement à l’environnement.
- Ou par du sticker art discret dans les ruelles moins visibles.
Quelques quartiers comme Koenji (Tokyo), Amerikamura (Osaka) ou Koganecho (Yokohama) accueillent parfois des fresques temporaires dans le cadre d’événements culturels.

Une quête d’art mural… frustrante mais fascinante
En tant que passionnée d’art de rue, cette invisibilité m’a frustrée… mais aussi fascinée. J’ai compris que le Japon a sa propre façon d’appréhender la beauté, souvent plus subtile et codifiée que l’explosion visuelle qu’on trouve ailleurs.
Je suis restée attentive aux détails : un autocollant caché, un graffiti minuscule, un mur transformé par un jeu d’ombres. Une autre forme d’art, invisible au premier regard, mais bien là pour qui prend le temps de voir.
🌐 À lire aussi sur mon blogue :
Je t’invite à consulter ma section dédiée à l’art visuel et street art à travers le monde, où je documente chaque fresque rencontrée, chaque mur qui m’a touchée, dans des dizaines de pays.
Conclusion : un pays sans graffiti… mais pas sans art
Le Japon n’est peut-être pas une galerie à ciel ouvert comme Singapour ou Belfast, mais il est une œuvre d’art à sa manière : dans la retenue, le détail, le respect de l’espace collectif. En tant que voyageuse et amoureuse de street art, ce fut une expérience riche d’enseignements.
Tu as visité le Japon ou tu en rêves ?
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