Konya

Pays visité du 25 septembre au 29 octobre 2019

Vingt-et-unième chronique de notre 14 mois en Eurasie (trip qui n’aura été que de 8 mois, Covid oblige). Elles se suivent toutes chronologiquement selon notre itinéraire. À vous de les lire dans l’ordre qui vous plaît. Bonne lecture!

Isabelle & Jérémy

 

 

Le bus nous transportant vers Konya fut long et périlleux, Jérémy éprouvant des difficultés gastriques. Ce qui m’amène au premier fait cocasse de cette chronique.

 

Fait cocasse

Le bus arrêtant à quelques gares pour faire des échanges de passagers, Jérémy en profita pour aller évacuer ce qui lui tourmentait le tuyau.

Étant un ado et ayant la vitesse grand L (L pour LENT), ce cher fils se fit attendre. Je dus sortir du bus et demander avec insistance pour qu’on l’attende, car le chauffeur était très motivé à reprendre la route sans attendre.

La maman que je suis, sorti le grand jeu pour protéger sa progéniture tsé!!! Je fis des mimiques de vomi tout en essayant d’expliquer que mon fils était malade et qu’il fallait l’attendre. J’avais chaud sur un solide temps et je paniquais x 1000.

Le chauffeur me fusillait du regard quand un monsieur bilingue vint à ma rescousse. Il baragouina quelques mots au chauffeur et vint avec moi dans la gare pour voir ce qui se passait avec l’ado, quand soudain, nous le vîmes au loin, marcher, pantalon roulé et lacets détachés, la chevelure cotonnée, le pas d’une naïve nonchalance.

Je criai son nom et le dude à mes côtés fit de même, mais avec l’accent turc. Mon fils leva lentement le regard et compris à ma face et ma gesticule que l’urgence de la rapidité était de mise, pis vite.

En nous voyant sortir de la gare, le chauffeur commença à reculer le bus alors que nous n’étions même pas dedans, signifiant, comme il peut, son mécontentement face à ce fâcheux contretemps.

Journée en solo

L’ado se remettant tranquillement de son épisode gastrique, j’ai décidé d’aller affronter en solo le monde extérieur.

 

Konya

 

J’avoue que j’appréhendais un peu la chose et je dois dire que ce fut de loin la journée la plus satisfaisante depuis mon départ du Québec!

De retour de ma fabuleuse expérience, je vous raconte comment j’ai tout vu ça, à travers mes perceptions et mes sens.

Photo ci-bas : vue de mon balcon.

 

Konya

 

Petite parenthèse – La madame de la pension où nous logeons, une maman elle aussi, a préparé une soupe pour notre grand malade. Chaud à mon coeur!! –

Nous sommes donc dans un quartier résidentiel, à 10 min de marche du centre. Je fais comme les locaux et je marche en pleine rue, pavées de dalles pas trop d’équerre et bordées de trottoir pour le look seulement, j’imagine.

 

soupe maison

 

Mon sens de non-orientation doit avoir diminué, car j’arrive à suivre mon GPS. C’est donc avec mon cell à la main que je déambule jusqu’à l’impressionnant musée Mevlana.

 

Mevlana Konya

 

D’un pas assuré, cachant à merveille mon angoisse, je fais fi des regards de certains hommes qui me scrute, sans gêne aucune, la devanture, pourtant pas exhibée pantoute, à mon sens bien sûr. Les quelques regards réprobateurs rencontrés sur les visages de certaines femmes plus âgées, vêtues de longs tissus et foulards, ont tôt fait de me faire croire le contraire. Je respecte leur croyance et m’excuse intérieurement de les avoir choqués, puis continue mon chemin en me disant que ce malaise m’appartient et que je suis moins exhibée que plusieurs femmes turques autour de moi.

 

Mevlana Konya

 

Un mélange hétéroclite de générations et de croyances se croise en effet sur ma route, passant du mini short/camisole spaghetti à la burka (sans le grillage)… Remarque que la plupart des femmes portent harmonieusement le hijab avec des tenues tantôt plus colorées et élégantes, tantôt plus longues et sobres.

Tout autour ça grouille de vie, de voitures, de bicyclettes, de chats, de plein de gens s’affairant à vaquer à leurs occupations respectives. Des livreurs de thé se faufilent habilement dans la foule avec le précieux breuvage en équilibre sur des cabarets métalliques.  Des hommes qui fument et boivent le thé assis sur des ti bancs, dans la rue. Des femmes font les courses et s’occupent des enfants. Des jeunes, qui font comme les jeunes ici, sont sur leur cell, se tiennent en gang et jasent, rigolent, niaisent. Vite de même, c’est ce que j’ai observé. Ce n’est pas pour généraliser, mais ça ressemble à ça de mon œil de touriste lost in Konya!

 

Visite du musée Mevlana

 

Mevlana Konya
 
Mevlana Konya
 
Mevlana Konya
 
Mevlana Konya
 
Mevlana Konya

 

Fait cocasse #2

En sortant du musée, un Turc m’aborde gentiment pour me dire que ce soir il y a un spectacle de danse traditionnelle turque, la Sema.

Je le remercie bien. Ensuite il me propose de me présenter sa boutique. Je ne comprends pas trop ce qu’il vend, mais comme il est fort sympathique et qu’il s’en va dans la même direction que moi, j’accepte la jasette.

On discute de politique comme ça et soudain il me dit que c’est mon lucky day car il va me présenter ses plus beaux tapis. Ah! Que je lui dis en lui tapotant l’épaule. Vous êtes, mon pauvre monsieur, que je lui dis, le moins lucky de nous deux, car il est improbable que je vous achète un tapis! Tout ça avec mon anglais le plus poli tsé.

Il fait une pause dans sa marche et me regarde, triste, mais avec l’envie d’insister, ce qu’il fait un peu. Je lui réponds que je n’ai même plus de maison pour exhiber son beau tapis. Bref, il est respectueux et n’insiste pas plus, à manque d’argument probablement.

Je lui propose tout de même de parler de son commerce sur mon site web. Je ne lui ai pas acheté de tapis aujourd’hui, mais j’ai eu droit à une belle rencontre, des photos et le sourire d’un commerçant content du deal. Moi aussi d’ailleurs!

Alors je vous présente Nazif Demirci, tenancier de la boutique de tapis faits main. Voici sa carte et ses tapis, si jamais vous passez par Konya, allez lui dire bonjour de ma part !!

 

vendeur de tapis Konya
 
vendeur de tapis Konya
 
vendeur de tapis Konya
 
vendeur de tapis Konya

 

Je poursuis gaiement ma promenade en solitaire. Se bousculent à mes narines des odeurs de viande grillée et d’encens, de cigarette et de boucane de vieux char, d’épices, de poissonnerie et de pain fraîchement sortis du four… À mes oreilles parviennent les effluves harmonieux de plusieurs musiques turques traditionnelles, parsemées de cris d’enfants, d’aboiement, de klaxons. À cette mélodie cacophonique s’ajoutent les bribes de conversations turques captées au passage, incompréhensibles et intrigantes. Et sans oublier le mystique appel à la prière, lancée en décalé par les différentes mosquées de la ville, apportant la touche finale à ce portrait auditif riche et oh combien stimulant!

 

Fait cocasse #3

Ma contemplation est subitement interrompue par le miaulement frénétique d’un bébé chat. Je fouille du regard les arbres et les alentours, mais rien, quand soudain un attroupement autour d’une voiture m’attire l’œil. Cinq hommes essaient de sortir le chaton qui est coincé dans le moteur, au-dessus de la roue droite avant ! Ils ont réussi de peine et de misère à extirper le ti félin de sa fâcheuse position. Le plus émouvant dans ce spectacle, fut sans aucun doute le moment où, ce vieux monsieur à la face sévère et aux mains d’homme ayant travaillées fort dans sa vie, exhiba sans honte aucune toute la douceur que son air cachait pour réconforter avec amour ce pauvre petit chat, clairement traumatisé.

Quelle journée extraordinaire, que je me dis, le cœur léger et le pas joyeux.

Photos de cellulaire ci-bas : les hommes en mode rescue the cat et le monsieur réconfortant le rescapé.

 

sauveurs de chat
 
sauveurs de chat

 

 

N.B. Notez que toutes les photos de ce blogue sont miennes et ne sont pas libres de droits.

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4 réponses

  1. Je suis heureuse de te sentir si bien dans tous ces mouvements qui demandent de s’adapter à chaque fois….je sais c’est l’essence même d’un voyage…mais lorsque ce voyage perdure dans le temps jours après jours et mois après mois, il est bien de pouvoir y prendre son aise et profiter grandement de tous ces beaux moments. Et, je me délecte toujours et toujours de tes écrits…pleins de bizous et caresses virtuelles 🙂

  2. Oh que oui, je profite. L’adaptation est effectivement quotidienne, mais rien dans la vie n’est permanent. J’ai toujours été extrêmement curieuse et comme ce trait de caractère m’accompagne encore, ce quotidien à flirter avec l’inconnu et le renouveau assouvit ce besoin immense de découverte qui me définit si bien! Merci de nous suivre et de commenter. J’aime beaucoup savoir ce que notre voyage engendre comme réflexion 😀

  3. Bonjour ma belle Isabelle ainsi qu’à Jérémy,
    Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris le temps de te lire. Toujours aussi intéressant et surtout avec ton écriture. J’ai la piqure des voyages qui me reprends… je continue mon rattrapage de récits avec Cœur de Nomade. Merci

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